Léo a 10 ans. Il n’est pas le plus populaire de l’école, loin de là. Passionné par Slipknot, un groupe de métal que les autres trouvent “bizarre”, il vient de s’offrir une paire de baskets dont il rêvait : les Slipknot Playground Cartoon Air Force Ones. Un modèle rare, avec les masques des membres du groupe en version dessin animé. Il a économisé des mois pour les avoir.
Mais dès qu’il les porte à l’école, c’est la cata. Les moqueries pleuvent. À la récré, les autres rient de ses chaussures. Même son dessin de Corey Taylor sur sa boîte à lunch est la cible de critiques.
Et puis, Maya est arrivée.
Léo mange seul comme d’habitude, la tête basse. Jusqu’à ce que Maya, une fille connue pour ne suivre aucun code, s’approche. Cheveux violets, chaussettes dépareillées, livre de Frankenstein sous le bras.
— “Tes baskets sont incroyables. J’adore le masque du Clown dessus.”
Léo n’en revient pas. C’est la première fois que quelqu’un comprend son style. Maya lui raconte que son grand frère adore Slipknot, et qu’elle aime aussi leur univers un peu fou, un peu beau.
Ils parlent pendant tout le déjeuner : musique, livres, dessins. Léo lui montre ses croquis, elle lui parle des concerts. Et pour la première fois, il se sent compris.
Ce jour-là, ses baskets ne sont plus un motif de moquerie. Elles deviennent le lien qui lui a permis de se faire une vraie amie. Comme quoi, parfois, ce qui nous rend “différent” peut devenir ce qui nous rapproche le plus des autres.