Impossible de passer à côté du phénomène : la sneaker BW Army d’adidas, réinterprétée dans l’esprit Maison Margiela, divise autant qu’elle fascine. Ce rapprochement inattendu entre l’ADN du sportswear allemand et l’audace du luxe parisien suscite un vrai débat dans la communauté sneaker.
Une histoire d’influence : du vestiaire militaire au podium de la mode
La German Army Trainer (GAT), imaginée pour l’armée allemande dans les années 1970, est entrée dans la légende bien avant l’ère du streetwear. Sa ligne basse, son cuir sobre, sa semelle gomme et ses empiècements en suède l’ont propulsée de la caserne à la rue, puis des friperies berlinoises aux podiums parisiens.
Maison Margiela n’a pas inventé ce modèle, mais la marque l’a indéniablement réhabilité. Avec la fameuse “Replica”, Margiela a su transformer une chaussure utilitaire en objet culte, jusqu’à devenir un passage obligé pour tout amateur de mode pointue. Le pari ? Injecter une dose de mystère et d’élégance dans une sneaker à l’origine purement fonctionnelle.
adidas, pionnier historique du GAT, signe aujourd’hui un retour remarqué avec sa BW Army. L’inspiration Margiela est palpable : même silhouette épurée, même alternance de cuir lisse et de suède, même semelle translucide ultra reconnaissable. Impossible de ne pas voir dans cette édition une lettre d’amour à la version de la Maison parisienne, mais aussi un clin d’œil appuyé à ceux qui suivent l’histoire du modèle depuis ses origines militaires.
Margiela x adidas : l’ambivalence du luxe démocratisé
La vraie différence ? Le prix. Là où Margiela propose sa Replica à 750 €, adidas affiche la BW Army à 127 €. La sneaker de luxe devient ainsi accessible au plus grand nombre, tout en conservant les codes d’élégance qui ont fait la renommée du modèle. De quoi séduire une nouvelle génération de fans et déstabiliser les puristes, qui s’interrogent sur la légitimité d’une telle “démocratisation”.
Les puristes voient dans cette rencontre deux mondes qui peinent parfois à dialoguer : l’authenticité brute des origines et la relecture mode, parfois jugée trop conceptuelle. Certains célèbrent la fidélité du design, d’autres regrettent une “standardisation” du modèle. Mais impossible de nier que l’empreinte Margiela plane, conférant à la BW Army ce supplément d’âme qui distingue une simple sneaker d’un objet culte.
Un dialogue entre héritage et innovation
La BW Army version 2025 marque le retour d’un grand classique, mais aussi la preuve que le dialogue entre luxe et sportswear n’a jamais été aussi riche. Si la maison Margiela a imposé la GAT sur les catwalks, adidas redonne aujourd’hui au modèle sa place légitime dans la rue et les dressings du quotidien.
Pour les amateurs de design, c’est l’occasion rêvée de s’offrir un concentré d’histoire et de style sans exploser leur budget. Pour les collectionneurs, ce lancement confirme qu’une sneaker peut devenir un objet de fascination… même (et surtout) quand elle brouille les frontières entre l’ultra luxe et le streetwear accessible.